#18

Nous ne sommes finalement pas si éloignés que je le pensais des animaux.

Bien que bavard comme une pie, et n’ayant pas une mémoire d‘éléphant, je vais tenter, tout en faisant court, de vous raconter l’histoire de P. Il était fort comme un taureau et monté comme un âne, mais son regard de veau n’en faisait pas un top modèle. De ses attributs virils il était fier comme un paon. Tout le monde le connaissait au village, car il était du genre à courir plusieurs lièvres à la fois et à baiser comme un lapin.
Que l’on fut vache ou pas, on eut vite fait de vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué lorsque M. vint s’installer ici. Elle était vive et élancée comme une gazelle. Elle lui fit ses yeux de biche pour le séduire, mais lorsqu’elle s’attacha à P., nombreux furent ceux qui, charitables — ou se croyant plus rusés que le renard –, la prévinrent qu’elle risquait d’avaler des couleuvres. L’homme est un loup pour l’homme. D’ailleurs, certains montèrent même sur leurs grands chevaux arguant qu’elle ne le méritait pas. Ils étaient jaloux comme des poux !
Contre toute attente, donc,  P. et M. ne jouèrent pas à saute mouton et se mirent à papillonner et à roucouler, comme deux tourtereaux. Quelle mouche avait piqué P. se demandèrent les gens du village ? Ours mal léché hier encore, il était devenu doux comme un agneau au contact de M. A cela une seule explication possible : M. était une vipère. Elle avait ensorcelé « leur » P. Mais cela marcha si bien entre eux, que M. et P. eurent deux petits louveteaux : N. et O.  On ne pu alors plus douter que l’Amour avait fait son oeuvre.
Pour la petite histoire, N. et O. ressemblent énormément à P. et M. car, c’est bien connu, les chiens ne font pas des chats

Et si tu réagissais ?