#253 – Depuis le temps

Je n’ai pas écrit ici depuis plusieurs semaines déjà. Ce ne sont pas les occasions ni les sujets, ni même le temps qui m’ont manqué. Au contraire. Paradoxalement, je crois que plus il se passe de choses dans ma vie et moins je ressens le besoin d’écrire.Mais,soudainement, le temps de rédiger un petit quelque chose, je m’octroie une pause, comme pour consolider toute l’avancée des dernières semaines, poser un jalon ou sauvegarder un fichier, vite avant qu’il ne s’efface. A moins que la coupe ne soit trop pleine et qu’il me faille la vider un peu ici avant de la remplir à nouveau ?

Plus que jamais ma vie change et j’en suis heureux. Je ne sais pas encore très bien vers quoi je me dirige (bien que de plus en plus l’image se précise, …et elle est vertigineuse), mais je sens que je suis sur la bonne voie. Je ressens les événements et les choses différemment. Je perçois de nouvelles nuances, de nouvelles pensées, de nouveaux schémas et cela me remplit d’un immense espoir. Je me sens capable de dépasser ma condition et mes limites, de modifier mon interprétation de la vie et de faire des choses aux quelles je n’aurais même pas osé rêver il y a encore peu.

En réalité, je découvre que ma façon d’appréhender le monde est souvent erronée et le simple fait de le comprendre m’ouvre de nouvelles perspectives. Par exemple, je me suis soudainement rendu compte que le monde qui m’entoure est en réalité mon monde. Il n’appartient qu’à moi et est contenu tout entier à l’intérieur de moi. Je fais le monde qui m’entoure. Et rien dans l’Univers n’échappe à cette loi. Je perçois l’extérieur à ma façon ; je ne vois que ce qui m’intéresse, je ne capte que certains signaux, je ne vibre que sur certaines fréquences, … bref, je façonne mon environnement à 100%. Et savoir cela est libérateur. De fait, je deviens l’unique créateur de mon décor, et les personnages qui partagent la scène avec moi sont ceux que je choisis. Je ne peux pas changer leur rôle mais je peux choisir de les faire entrer en scène ou pas. Je ne choisis pas leur attitude, mais je choisis de jouer avec eux ou pas. Je ne choisis pas leur état mais je choisis l’interaction qu’ils ont avec moi.

Dans le même ordre d’idée, j’ai compris que laisser certaines personnes de mon environnement me mettre en colère, me décevoir ou m’intimider, équivalait à leur laisser les commandes de moi-même. D’une manière générale, laisser les autres avoir une emprise (forte et durable) sur mes sentiments, c’est les laisser diriger ma vie. Et je ne peux pas accepter plus longtemps que d’autres que moi me dictent comment me sentir, agir ou ce que je dois décider. Les seules influences que je peux accueillir sont celles qui viennent de moi. Mon besoin de justice, d’aimer, de créer, d’apprendre, par exemple, sont les seuls guides que je dois suivre. L’extérieur (la mode, la flatterie, la superficialité, la publicité, l’autorité…) n’a pas à me dicter mes choix.

En résumé, je suis le seul acteur de ma vie et je suis donc celui qu’il faut blâmer ou féliciter pour les choix que je fais. La seule chose qui compte est que ces choix viennent bien de moi et ne me soient dictés par personne d’autre, directement ou pas.
J’ai entrepris de changer de métier. De me reconvertir, loin de ma fonction actuelle, celle que j’exerce depuis 22 ans !  A plus de quarante ans, c’est un pari un peu risqué mais terriblement excitant. Et je ne me suis jamais senti aussi déterminé et profondément en accord avec moi-même. Je sais que je ne peux pas me tromper, même si tout ne sera pas rose…. Les démarches sont entamées et bientôt, si tout va bien, je retourne sur les bancs de l’école. J’achèverai peut-être alors ce que j’ai commencé il y a bien longtemps ?